26/02/2006
"Deuil et dépression" de M. Klein
Melanie Klein : Deuil et dépression. Petite bibliotheque payot.
A l’instar de Freud, Mélanie Klein, génie de la psychanalyse a apporté à la science des théories originales, révolutionnaires donc dérangeantes. Elle s’est attachée à explorer la vie émotionnelle et pulsionnelle de la première enfance, mettant en évidence leur complexité. « Deuil et dépression » réunit deux textes. Le premier, fondamental, correspond à la conférence donnée au Congrès de Lucerne en 1934. Le deuxième écrit en 1940, le complète. Mélanie Klein venait de traverser un période de dépression à la suite du décès de l’un de ses fils. Cette douloureuse expérience permit à sa brillante intelligence d’élaborer puis de formuler pour la première fois sa célèbre théorie de la position dépressive : pour le nourrisson, la mère ne représente au début de sa vie que l’objet de toutes les projections bonnes ou mauvaises. La mère-sein est pour le nourrisson un objet partiel avant de devenir un objet total ; le sein, lui, est clivé en bon et mauvais, Il s’agit pour le nourrisson de dévorer le bon sein de la bonne mère en vue de dépasser la position paranoïde (persécuteurs intériorisés) et d’atteindre la position dépressive afin dans une possible identification de réparer cette image maternelle si abimée par l’agressivité innée. Les deux textes proposés vont et viennent entre le normal et le pathologique. Ils nous éclairent, soutenus par un langage cru et direct, sur l’origine du surmoi (censeur du moi). Où comment culpabilité et remords apparaissent précocement pour nous humaniser...
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"Guérir de son enfance" de J. Lecomte
Jacques Lecomte, docteur en psychologie, est secrétaire général de l’Observatoire international de la résilience (forme de résistance aux traumatismes). Boris Cyrulnik qui en est le président, avait fait connaître le phénomène de résilience à un large public grâce à son « Merveilleux malheur » paru en 1999 (Odile Jacob).Ce concept, créé par Fritz Redl(egorésilience), date déjà de 1969. Depuis lors, la polémique bat son plein entre partisans et détracteurs qui y voient l’ombre de Darwin… Néanmoins loin des vains débats, Jacques Lecomte nous propose un ouvrage pratique, bien structuré et lisible par chacun : il est le guide nécessaire au service de ceux qui souffrent, de ceux qui côtoient la souffrance et ont décidé de ne pas la considérer comme inéluctable. L’auteur explique pourquoi le futur résilient doit pouvoir tisser des liens forts avec son entourage (famille, enseignants, éducateurs, psychologues, etc…)qui tient alors lieu de « tuteur de résilience » ; il souligne aussi la nécessité de repères, de cadre structurant ; puis Lien et Loi conduisant peu à peu à trouver un sens à sa vie : le processus de résilience peut alors se mettre en marche ! Sont énumérées également les stratégies inconscientes de ceux qui décident de s’en sortir malgré les vissicitudes premières de l’existence (créativité, altruisme, vie imaginaire, sens de l’humour, etc…) De plus, Jacques Lecomte remet en question l’idée souvent admise de la transmission automatique de la maltraitance d’une génération à l’autre, car les résilients font souvent de très bons parents. Cet ouvrage fourmille d’exemples concrets où Tim Guénard côtoie Nancy Huston. Ces résilients célèbres redonneront espoir à beaucoup et envie d’agir à tous !
19:12 Publié dans 1) Notes de Lectures | Lien permanent | Commentaires (0)
"Folle du logis" de R. Montero
Entre essai littéraire et roman biographique, l’auteur nous offre un ouvrage tout en finesse, pétillant d’esprit, où elle entremèle habilement les fils de sa propre vie et ceux des grands écrivains ayant marqué l’histoire de la littérature ! Le point de rencontre se situe sur le plan de l’imagination (la « folle du logis » de Sainte-Thérèse) : comment celle-ci inspire toute grande œuvre mais aussi influence la vie de chacun ainsi que la représentation que l’on s’en fait ! Rosa Montero nous amuse avec les péripéties à multiples facettes de sa jeunesse madrilène et nous passionne en nous faisant découvrir des auteurs célèbres : les faiblesses (le grand Goethe et sa préférence pour la cour de Weimar) et les bassesses (Capote attendant impatiemment l’execution des coupables afin de publier son livre « De sang froid »), inévitables faces cachées de Talents généreusement nourris par l’ imagination ! L’imagination, certains l’ont désiré sans limite tel Rimbaud qui ambitionnait d’embrasser le point de vue divin. D’autres n’hésitèrent pas à s’inspirer de rêves fiévreux pour alimenter leurs créations, comme Stevenson. Pour de nombreux auteurs du XXème siècle parmi lesquels Klemperer qui lui doit la survie, elle a représenté la dernière liberté possible des régimes totalitaires, particulièrement au sein des camps de concentration ou des prisons. Pour Rosa Montero, l’imagination permet à chacun de vivre plusieurs vies à la fois : ce dont elle ne s’est pas privé…pour notre plus grand plaisir de lecteur !
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"Intelligence dans la Nature" de J. Narby
Jeremy Narby : Intelligence dans la Nature. Buchet Chastel.
La nature est-elle intelligente ? Question essentielle posée par Jeremy Narby, anthropologue, dans son nouvel essai, 10 ans après son fameux « serpent cosmique ». Dans son « Discours sur la méthode... » Descartes comparait les animaux a des machines. Beaucoup plus tard, Jacques Monod affirmait dans « le hasard et la nécessité » que l’activité des abeilles était strictement automatique. Largement dominé par la pensée scientifique, l’occident a intégré ces idées comme vérités absolues. A l’autre bout du monde, en Amazonie, sous l’influence du chamanisme, les indigènes pensent que tous les êtres vivants possèdent deux aspects : spirituel et matériel et qu’ils peuvent communiquer entre eux. A cheval sur ces deux univers, l’auteur poursuit inlassablement son enquête, interrogeant toutes personnes susceptibles d’éclairer et de nourrir sa réflexion. Les dernières découvertes scientifiques corroborent l’intuition des chamanes et semblent indiquer qu’il y aie convergence sur un certain nombres de points : l’intelligence dans la nature est basée sur la transmission du savoir. Cellules, bactéries, plantes et animaux excellent dans l’art de communiquer. Tous ces signes échangés assurent au Vivant un comportement adéquat et efficace, garantie de leur survie !
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